By Kinden K (http://www.flickr.com/photos/kinden/2118064630/) [CC BY-SA 2.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons
Chers amis,
Avec un peu d’avance sur le beaujolais nouveau 2015, me voici de retour dans les vignes florissantes du Web avec deux bonnes bouteilles, je veux dire deux innovations, après un séjour monacal de bientôt six mois dans le chai ligérien dans lequel mon second livre (2) sur la communication achève une fermentation hautement alcoolique. Titre : « Réussir présentations, conférences, discours ». Sous-titre : « grâce à la rhétorique moderne, aux Huit règles d’or de la communication et aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication ». (3)
La première innovation est la refonte complète du site : conception synthétique, charte graphique épurée, clarté, meilleure ergonomie, rapidité de consultation, automatisation de la diffusion des articles sur les mobiles et sur les réseaux sociaux.
La seconde innovation, beaucoup plus importante, concerne la nouvelle orientation de la ligne éditoriale. Cette dernière portera désormais non seulement sur la communication en général, dont les N.T.I.C., comme dans le blog précédent, mais aussi sur une discipline fondamentale au sens propre du terme : la rhétorique moderne.
Alors que la rhétorique est quasiment langue morte en France, sait-on que celle-ci est langue très vivante aux États-Unis, pays où elle se confond avec la communication, y compris dans les formes les plus avancées de cette dernière, telle que la publicité ? Sait-on qu’elle y est couramment enseignée tant dans l’enseignement secondaire et supérieur que dans près de vingt-mille organismes associatifs ou commerciaux ? Existe-t-il dans aucun autre pays un tel maillage national de l’enseignement de la communication ?
Le nouveau titre de ce blog « Les deux grands secrets de la communication » au lieu des « Huit règles d’or de la communication » pour l’ancien s’inscrit dans le prolongement de ce dernier tandis que le métaphorique sous-titre illustre cet élargissement à la rhétorique de la ligne éditoriale.
Ces deux secrets sont, sur le plan intellectuel, la rhétorique moderne et, sur le plan technique, les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (N.T.I.C.), notamment le logiciel révolutionnaire d’aide à la réflexion et à la communication qu’est Mind Map. Ce logiciel est diffusé à plus de cent millions d’exemplaires dans le monde entier mais, paradoxalement, il est très peu connu en France, alors même que l’utilisation de l’informatique en matière de communication est devenue aussi indispensable dans ce domaine que dans les autres. Je reviendrai sur ces N.T.I.C. dans un prochain article.
Autre paradoxe – le paradoxe des paradoxes ! – alors même que la France se veut l’héritière du Siècle des Lumières, l’enseignement de la rhétorique y a été supprimé le 31 mai 1902, à l’instigation très surprenante de Jules Ferry et de Victor Hugo. Hélas ! Hélas ! Hélas ! Il semble bien que le grand homme politique et le grand poète aient ainsi jeté en même temps, par idéologie, le bébé de la méthode de pensée avec l’eau du bain de la méthode de communication !
En effet, communication et pensée sont, on le sait, indissociables, comme l’exprime parfaitement le principe fondamental de la rhétorique :
« Bien parler [ou bien écrire], c’est bien penser »
Par rapport à la décision inverse et prophétique que prirent à la même époque les États-Unis, la création de la National Communication Association, cette suppression de l’enseignement de la rhétorique peut être considérée comme une catastrophe pédagogique et économique majeure.
En supprimant la rhétorique en tant que méthode de communication, méthode considérée par les deux grands hommes comme l’instrument de l’hégémonie de la classe au pouvoir, ceux-ci n’ont-ils pas simultanément et aveuglément supprimé, sans vraiment la remplacer, la méthode de pensée qui constituait la base même, l’ossature, la charpente de l’enseignement secondaire et supérieur ?
Méthode qui pourtant avait été éprouvée pendant plus de vingt siècles et demeure encore aujourd’hui – comment pourrait-il en être autrement s’agissant de LA méthode de pensée ? – sans équivalent. Nos cerveaux du XXIe siècle fonctionnent-ils de manière différente de ceux des philosophes grecs et romains, inventeurs de la rhétorique ? Sommes-nous plus intelligents et surtout plus cultivés que ces philosophes ?
De cette suppression, il y a un peu plus de cent ans, du mode d’emploi de notre intelligence est-il surprenant que nous subissions encore aujourd’hui les catastrophiques conséquences sur le plan pédagogique ? En témoignerait, s’il en était besoin, ce double « palmarès » : le classement de notre enseignement secondaire au vingt-troisième rang des pays membres de l’O.C.D.E. (4) et celui, pire encore, mais logique, de nos universités. Aucune ne se classe dans les trente premières mondiales. (5)
Peut-on expliquer autrement que par ce double « palmarès » ce monumental et pourtant peu médiatisé fiasco pédagogique : selon le ministère de l’Éducation nationale lui-même, plus de 50 % des étudiants de première année de licence échouent à l’entrée en deuxième année et seulement 27 % réussissent à décrocher un diplôme trois ans plus tard ? Autrement dit 73% n’en obtiennent aucun ! (6)
Est-il possible de suivre avec succès un enseignement supérieur si la base des bases, le fondamental des fondamentaux : la maitrise de la méthode de pensée, n’est pas acquise ? Et que dire des fondamentaux primaires : savoir lire, écrire et compter, sans la maitrise desquels il ne semble guère possible de « bien penser » ?
Il est clair que cette dégradation de l’enseignement ne peut qu’avoir des conséquences également catastrophiques sur le plan économique. Le leadership écrasant, pour ne pas dire le monopole, des États-Unis en ce qui concerne l’économie numérique en est la manifestation la plus éclatante. Sait-on qu’aucune des onze N.T.I.C. n’a été inventée ni en Europe, ni en Asie, ni ailleurs qu’aux États-Unis, pays que l’on peut donc considérer comme le seul inventeur de la civilisation de la communication ?
Le XXIe siècle ne serait-il pas le Siècle des Lumières Américain ?
Bonne dégustation quand même, sans modération ! N’hésitez pas à réagir sur cette question fondamentale, vitale, le mot n’est pas trop fort compte tenu des enjeux, du renouveau de la rhétorique. Ce blog se veut, avant tout, un lieu d’échange et de partage. Trinquons, chers amis, à ce renouveau !
Louis Marchand
(1) Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. À ce jour, il en existe onze, toutes inventées aux États-Unis : l’informatique individuelle, l’internet grand public, les bases de données, les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, le cloud, les smartphones, les tablettes, les liseuses électroniques, les montres et lunettes intelligentes.
(2) Le premier, « Les huit règles d’or de la communication » a été publié aux Éditions Persée fin 2014 – Il est disponible sur ce site (v. page « Ouvrages »). Ce livre intègre déjà certaines des règles, très efficaces, de la rhétorique, notamment en ce qui concerne la logique, mais il ne porte pas, comme le nouveau, sur le sujet plus vaste de l’art oratoire.
(3) Pour la petite histoire, j’avais déjà proposé dans mon ancien blog, le 18 juillet 2014 (voir l’historique des articles de ce blog) un simple cru bourgeois, sous l’étiquette : « Réussir une présentation, une conférence ou un discours avec les Huit règles d’or, Mind Map, Free desktop timer et Google ».
Cet article a reçu un accueil chaleureux d’amateurs assoiffés, à telle enseigne qu’il est devenu le best-seller du site et que plus d’une année après sa parution il est encore lu quasiment chaque jour. Avec le coupage de la rhétorique, tous les espoirs semblent donc permis pour le nouveau cru !
(4) Enquête triennale PISA 2013 de l’O.C.D.E.
(5) JIAO TONG university of SHANGAI – Academic ranking of world universities 2013
(6) Ministère de l’Éducation nationale – MESR – DGESIP – SIES /Système d’information SISE – 2011/2012
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