Le 21ème siècle, siècle des Lumières américain ?


 (N.B. en date du 13/11/14 : La MindMap qui figurai à l’origine ci-dessus était globalement identique mais je me suis aperçu ultérieurement qu’il y manquait trois précisions importantes, d’ou l’article paru le 4/11/14 :”Trois précisions essentielles concernant l’un des “best-sellers du site” : “Le XXIème siècle, siècle des Lumières américain”. C’est  cette version complétée qui figure, désormais, ici. Veuillez bien vous référer, svp, à l’article ci-dessus en ce qui concerne le complément de texte.

I – 1902 et 1914 – Deux décisions capitales en matière d’enseignement et de communication : l’une, catastrophique, en France. L’autre, prophétique, aux Etats-Unis

  • 1.1. Une décision catastrophique : la suppression, en France, de l’enseignement de la rhétorique

Quelle est la décision, à proprement parler fondamentale, mais catastrophique, qui fut prise le 31 Mai 1902, par le « ministre de l’instruction publique » de l’époque, décision dont on peut estimer quelle signa non seulement le crépuscule de la culture française mais aussi, corrélativement, le crépuscule économique de notre pays, niveau culturel et niveau économique étant, on le sait, étroitement liés ?

Il s’agit de la suppression, ce jour-là, de l’enseignement de la rhétorique classique, sans véritable solution de remplacement, la classe de première qui lui fut substituée étant de nature très différente. Et ce, contrairement à ce que firent les américains à la même époque, et alors même que la rhétorique avait constitué la clé de voute de l’enseignement universitaire occidental pendant plus de vingt-deux siècles et qu’elle avait été utilisée avec efficacité par les plus grands esprits de toutes les époques. Or, quand on supprime la clé de voute, l’édifice s’effondre.

Ce ne fut donc pas une ixième réforme de l’enseignement ou un anodin « effet papillon » mais bel et bien, on va le voir, une décision stratégique de première grandeur, une rupture pédagogique déterminante. Rupture dont les effets très néfastes se font sentir, cruellement, encore aujourd’hui.

  • 1.2. Une décision prophétique : la création, aux Etats-Unis de la National Communication Association

A l’inverse, quelle est la décision, à proprement parler fondamentale mais diamétralement opposée et prophétique, qui fut prise à la même époque, le 28 Novembre 1914, par un petit groupe d’enseignants américains, décision dont on peut estimer qu’elle est à l’origine non seulement de ce que l’on pourrait appeler, on le verra dans le quatrième article (Le cercle vertueux des cinq leaderships intellectuels des Etats-Unis), le siècle des Lumières américain, mais aussi de la suprématie économique actuelle des Etats Unis ? Il s’agit de la création de la National Association of Academic teachers of speech (NAATPS) qui deviendra, près d’un siècle plus tard, la National Communication Association (N.C.A.).

  • 1.3. Les conséquences diamétralement opposées de ces deux décisions

Ainsi, à la même époque, au tout début du XXème siècle, les deux pays prenaient-ils deux décisions diamétralement opposées sur le plan cognitif en ce qui concerne l’orientation générale de l’enseignement ce qui eut , logiquement, des conséquences elles aussi diamétralement opposées : la France cantonnait dans l’écrit le développement de l’intelligence et l’acquisition des connaissances, alors que les Etats-Unis y associaient très étroitement un élément essentiel sur le plan cognitif : l’oral, ou plus exactement l’art de la prise de parole en publique et du débat d’idées. Nous verrons plus loin que les sciences cognitives nous ont appris, depuis, que nous ne pouvons percevoir la réalité que grâce à nos cinq sens, dont les deux principaux sont le visuel et l’auditif, et que de se priver du second est une erreur psychologique majeure.

Ce sont très vraisemblablement, on va le voir, ces deux décisions stratégiques fondamentales opposées qui sont parmi les principales causes de l’évolution divergente des deux pays depuis le début du XXème siècle.

  • 1.4. Les motifs de la décision française

Initialement, le principe de cette décision avait été pris dès 1885 par Jules Ferry, fortement soutenu, il faut le souligner, par d’éminents écrivains, tels que Victor Hugo. L’une des raisons qui motiva cet homme de gauche, dont on sait, par ailleurs, le rôle éminent dans l’évolution de l’enseignement en France, était, comme souvent aujourd’hui encore à gauche, un souci d’égalité. Jules Ferry estimait, en effet, sans doute avec quelques raisons, que l’enseignement de la rhétorique favorisait le maintien au pouvoir de la « classe dominante ».

Il est clair, qu’aujourd’hui comme hier, le leadership appartient à ceux qui maîtrisent la communication, fille de la rhétorique. Le président de la république actuel ne l’a pas oublié, lui qui a utilisé lors du débat télévisé de l’élection présidentielle une anaphore (moi, président…), figure directement issue de la rhétorique, anaphore qui, en l’occurrence, a souvent été considérée comme gagnante par les spécialistes de la communication,

Mais, l’enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions. On peut estimer, en effet, que cette décision eut deux conséquences catastrophiques, l’une à court terme, l’autre, beaucoup plus grave, à très long terme, puisque ses néfastes effets se font sentir, aujourd’hui encore, dans notre pays.

A court terme, cette décision, n’équivalait-t-elle pas à jeter le bébé avec l’eau du bain ? N’a-t-elle pas eu pour effet de priver les « classes populaires » du principal ascenseur social, tandis que la « classe dominante » continuait, tranquillement, à envoyer, ses enfants dans les meilleures écoles ?

A long terme, on peut estimer, en comparant ce qui s’est passé dans les deux pays de 1914 à 2014, et notamment leurs performances tant sur le plan de l’enseignement que sur celui de l’économie, ce que je ferai dans les deuxième article : “The Power of Oratory in the United States” et le cinquième : “Similitudes entre le siècle des Lumières américain et le siècle des Lumières européen” que cette décision fondamentale eut pour effet direct de faire baisser le niveau de l’enseignement en France et par voie de conséquence, de contribuer à son déclin économique sur une longue période.

Inversement, il semble difficile, à la lumière des sciences cognitives, de ne pas voir une corrélation entre d’une part la création, aux Etats-Unis, il y a cent ans, de la National Communication Association et d’autre part la suprématie actuelle de ce pays non seulement en matière de communication mais aussi en ce qui concerne l’enseignement universitaire. Nous verrons qu’il semble bien qu’il y ait un cercle vertueux entre l’une et l’autre.

Le second article portera, je le rappelle, sur :

The Power of Oratory in the United States

 

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